Recensions critiques d'ouvrages
De par ma profession de bibliothécaire, mais aussi grâce à ma passion des livres, j'ai été amené depuis des années à lire et à réfléchir sur les ouvrages que je ne cesse de découvrir, mais aussi sur ceux je catalogue et que je conseille régulièrement aux lecteurs ou aux chercheurs.
Cette page ouvre un champ de réflexions autour des recensions critiques que j'ai rédigées ces dernières années.
Recension de l'ouvrage de François Rastier:
"Naufrage d'un prophète. Heidegger aujourd'hui."
À l'heure de la publication des "Cahiers noirs" de celui qui est encore considéré en France comme le plus grand penseur du XXe siècle, F. Rastier, dans la ligne initiée par E. Faye, prend Heidegger en flagrant délit d'antisémitisme et de pan-germanisme philosophiques.
Ce travail de déchiffrement d'une pensée antirationnelle, et qui a toujours avancé masqué, était indispensable afin de démystifier cette entreprise de nazification de la philosophie. Une comparaison avec un autre auteur d'origine française, René Guénon, et qui a eu, lui aussi, une immense influence, permet de mieux saisir l'ampleur du désastre représenté par les pensées ésotériques.
Recension de l'ouvrage de Bernard-Henri Lévy:
"L'esprit du Judaïsme".
Presque quarante ans après son "Testament de Dieu", B.-H. Lévy revient sur cette question religieuse, mais cette fois-ci avec un livre plus personnel qui entend montrer un Judaïsme de "gloire" et de fierté. L'auteur analyse sa passion ainsi que cette religion sans équivalent.
Dans un style où se mêlent gloses talmudiques, réflexions philosophiques et souvenirs personnels, il offre sa vision du Judaïsme, celui qu'il a reçu de ses pères et celui que lui ont transmis ses maîtres. C'est à partir de cette représentation du Judaïsme que cette recension s'élabore pour poser les questions qui s'imposent sur un sujet aussi profond.
Recension du livre de Thierry Falissard :
"La pensée bouddhiste. Une métaphysique de la délivrance."
Ce livre se veut une introduction au Bouddhisme, mais par la voie de la métaphysique. L'auteur propose une approche plus philosophique de cette sagesse en s'appuyant sur des notions métaphysiques, censées éclairer la pensée bouddhiste. Ce faisant, il introduit celle-ci par des notions abstraites, et prend le risque de dénaturer la doctrine de cette sagesse.
J'interroge, dans cette courte recension, la vision relativiste de l'auteur et les conséquences qui en découlent.
Réflexions sur l'itinéraire spirituel d'Henri Le Saux à partir d'un Mémoire de Nicolle Carré.
Henri Le Saux, moine bénédictin contemporain, est connu pour avoir été un pionnier du dialogue interreligieux entre le Christianisme et l'Hindouisme. Il représente une figure typique du tournant missionnaire catholique initié par le concile Vatican II. Ayant longtemps vécu en Inde, il a tenté un rapprochement original entre le courant de l'Advaita, qui prône une non-dualité stricte, et la mystique chrétienne.
Cette réflexion reprend quelques idées fortes de ce parcours à partir du Mémoire universitaire de Nicolle Carré, et en interroge les présupposés théologiques comme les conséquences psychologiques.
Sur l'interprétation balthasarienne de la théologie de Denys l'Aréopagite.
Une herméneutique théologique au service d'une société d'Ordres.
La théologie chrétienne du XXe siècle n'a pas été avare en vastes fresques de synthèse. Parmi celle-ci, la synthèse dogmatique d'Hans Urs von Balthasar représente l'un des sommets de cette théologie. Mais elle est aussi symptomatique du malaise intellectuel de toute la théologie contemporaine. C'est sur l'interprétation de Balthasar de la pensée d'un des plus grands Pères de l'Eglise - Denys l'Aréopagite - que cette recension se penche pour en montrer les limites.
Recension du livre de J. Markale:
"La Femme celte".
S'il existe bien un idéal qui traverse les siècles en demeurant intact, et sur lequel le temps semble n'avoir aucune prise, c’est assurément celui de l'éternel féminin.
Dans un ouvrage resté célèbre, J. Markale nous en offre une version celtisante.
Mais celle-ci, marquée par les courants féministes et contre-culturels, peine à convaincre. Cette brève recension en présente les raisons essentielles.
En Annexe, je reviens sur la dérive intellectuelle et morale d'un W. Reich qui a dévoyé la psychanalyse freudienne pour la maquiller en freudo-marxisme, courant qui fut à l'honneur dans toute la contre-culture et qui a manifestement influencé J. Markale.
Réflexions sur le livre de C. Lévi-Strauss :
"Les structures élémentaires de la parenté".
Cet ouvrage, à l'instar de toute l'oeuvre de C. Lévi-Strauss, a profondément marqué la pensée anthropologique et ethnologique contemporaine.
Loin de prétendre en faire une recension critique, projet intellectuel qui dépasse largement mes compétences, j'ai simplement repris un thème provenant de la psychanalyse freudienne pour en faire le fil rouge de ma réflexion. Il s'agit du thème du meurtre du Père primitif, qui a été rejeté par Lévi-Strauss, lequel lui a préféré celui de la prohibition de l'inceste.
C'est ce choix que j'interroge en relisant cette œuvre représentative de la pensée contemporaine.
Recension des livres de L.B.G. Tilak :
"Origine polaire de la tradition védique".
Cette recension du livre de L.B.G. Tilak, déjà ancienne (2005), tout en explorant un univers religieux méconnu, tient à réparer une injustice.
Car cet ouvrage, publié dans des éditions qui se sont fait connaître pour leur choix d’ouvrages hermétiques et ésotériques, a été injustement tenu à l'écart des productions du monde universitaire.
Or, ce livre a représenté pour moi, et dans mon propre itinéraire, un moment important qui a coïncidé avec la découverte d'une religion totalement méconnue: la religion védique. Dans cette recension, je passe en revue l'ensemble des ouvrages et des articles parus au sujet d'une divinité appartenant à cette religion, aujourd’hui disparue : la déesse de l'Aurore. Et je fais l'apologie de l'ouvrage de Tilak et de ses géniales intuitions qui m'ont longtemps inspiré...
La pratique contemporaine du Yoga:
A propos du livre de Marie Kock :" Yoga:une histoire-monde"
Parallèlement à la méditation bouddhiste, le Yoga est un phénomène en pleine expansion en Occident. L'ouvrage de M. Kock dresse l'état des lieux de cette pratique qui connaît un succès sans précédent. Le Yoga s'inscrit dans la mode du développement personnel, dont il profite pleinement depuis des années, en partageant avec elle plusieurs présupposés d'ordre pragmatique.
Cette recension part d'un autre point de vue que médiatique ou sociologique, qui est celui de l'auteur. Et elle interroge le Yoga, non pas à partir de son succès ou de ses recettes d'efficacité thérapeutique, mais de ses origines et d'un aspect généralement négligé par ses adeptes: le sacrifice.
En remontant à un passé d'origine indo-européenne, je tente de montrer ce qui a été refoulé par le Yoga, non seulement en Occident, mais aussi en Inde où il connaît un renouveau. Et je souligne ce qui est à l'oeuvre de façon implicite au sein même de ces techniques qui, d'après la psychanalyse, sont loin d'être religieusement neutres.
La violence sacrale et religieuse: théorie du refoulement anthropologique.
A propos de quelques thèses de R. Girard.
De la théorie de la rivalité mimétique à celle de la victimisation émissaire, l’anthropologie de R. Girard aura durablement et profondément marqué le paysage intellectuel contemporain.
Et à juste titre.
Toutefois, dans sa volonté, souvent acharnée, à faire valoir ses thèses, notamment celles de la violence originaire et de la naissance des sociétés humaines avec le meurtre emblématique d'Abel par Caïn, R. Girard a incidemment négligé puis refoulé la thèse freudienne du meurtre du Père, dont il s'est voulu, paradoxalement, le défenseur. En reprenant les hypothèses girardiennes et en les comparant à celles de Freud, je tente de les remettre à leur juste place en montrant ce que cette anthropologie, à la suite de celle de Lévi-Strauss à laquelle elle s'oppose, a refoulé...
Les illusions de l'éveil spirituel.
Un exemple d'utilisation des lieux communs de la spiritualité hindoue contemporaine.
A propos du livre d'E. Gilbert : "Mange, prie, aime".
On s'étonnera sans doute de trouver, parmi ces recensions, un livre qui ne possède aucune des qualités philosophiques ou intellectuelles propres aux autres ouvrages.
Mais, si ce dernier a trouvé quelque intérêt à mes yeux, c'est du fait de l'itinéraire de l'auteur. Et c'est surtout son passage en Inde qui a attiré mon attention, et qui m'a semblé parfaitement emblématique de nos mentalités actuelles, où la spiritualité est devenue le prétexte à une quête de soi, mais sur un mode consumériste et superficiel.
Recension critique du livre de J. Kristeva:
"Cet incroyable besoin de croire ."
Auteur connue pour ces positions féministes et ses livres qui portent à la fois sur le féminisme, la psychanalyse et la littérature, J. Kristeva offre dans celui-ci une série d'entretiens au sujet de la foi chrétienne.
C'est sa représentation des personnes de la Trinité que j'interroge, en m'appuyant sur la psychanalyse freudienne que l'auteur ne respecte pas, ou qu'elle a tendance à déformer dans une version féministe de ce que j'ai appelé "théologie psychanalytique".
Contrainte psychique et avènement de l’autonomie.
Réflexions à propos du livre de P.-H. Castel :
"Âmes scrupuleuses, vies d'angoisse, tristes obsédés. Obsessions et contraintes intérieures de l'antiquité à Freud"
P.-H. Castel se livre dans ce premier volume à une archéologie de la contrainte intérieure depuis l'Antiquité. Il en montre les différents aspects et en analyse les métamorphoses. Mais c'est avec l'avènement du sujet moderne qu'apparaît une nouvelle contrainte psychique : l'autonomie.
Je reprends et expose dans cette recension les idées de l'auteur en discutant cette thèse érudite et qui éclaire d'un jour nouveau notre propre modernité et post-modernité.
Recension du livre de M. Balmary:
"L'homme aux statues. Freud et la faute du père."
Auteure représentative d'une interprétation psychanalytique et hébraïsante de la Bible, M. Balmary offre en ce livre une vision de Freud et de ses première grandes théories revisitées par une psychanalyse du fondateur de cette science humaine.
Elle montre ainsi les lacunes ainsi que les refoulements dont a fait preuve Freud jusque dans sa pratique analytique, et met au jour le refoulé paternel et sa faute, qui a rejailli sur son fils en une forme de maladie transgénérationnelle.
C'est aussi l'occasion pour l'auteure de reprendre à nouveaux frais le mythe fondateur d'Œdipe. Toutefois, la méthode de M. Balmary, aussi innovante soit-elle, n'est pas sans défauts. Et c'est sur ces derniers que je prends appui pour me livrer à un regard critique sur cette œuvre. Dans une seconde réflexion, j'approfondis la question de la lecture biblique de M. Balmary qui me semble tendancieuse.
À propos du livre de Ch. Bobin:
"La plus que vive."
Nul n'a été apparemment plus touché par la grâce féminine, dans l'univers des écrivains masculins de la fin du XXe siècle, que le poète Christian Bobin.
Dans ce livre, qui figure parmi ses meilleurs, l'auteur s'épanche sur celle qui fut à la fois sa muse, sa sœur de cœur et l'amour de sa vie.
Dans cette brève étude, je me suis intéressé à un aspect qui échappe toujours au lecteur. Loin d'avoir été subjugué par le charme poétique de ce livre, j'en ai au contraire découvert les failles psychiques que je tente ici d'analyser. Et ce, afin de restituer cette "part manquante" cher à l'univers poétique de Ch. Bobin.
À propos de la thèse de L. Silburn:
"Instant et cause. Le discontinu dans la pensée philosophique de l'Inde"
Rares sont les thèses dont la valeur et la profondeur peuvent égaler celle de L. Silburn. Celle-ci en contient au moins trois réunies en un ouvrage. Ce qui explique qu'il soit si difficile d'en faire une simple recension.
Pour ma part, j'ai préféré me concentrer sur deux questions largement débattues dans les premières écoles du Bouddhisme, à savoir la question de l'instantanéité des choses dans le temps et celle la puissance causale du karma, de l'acte.
J'ai ainsi pu déceler trois erreurs d'interprétation dans la thèse de L. Silburn que je tente de discuter dans cette recension.
Recension du livre d'A. Brahm :
"Manuel de méditation selon le Bouddhisme theravâda"
Depuis plusieurs années, les manuels pratiques de méditation bouddhiste se sont multipliés.
Celui d'A. Brahm m'a paru d'une qualité supérieure aux autres., notamment en ce qu'il s'appuie sur la tradition theravâda.
Je discute, dans le premier article qui fait suite à celui sur la thèse de L. Silburn, de la question de la discontinuité des choses et du karma. Et je reprends le débat au sujet de la notion de volonté, cruciale dans cette sagesse. Puis, dans une secnde réflexion, j'interroge la dimension du quiétisme inhérente à cette spiritualité.
Recension du livre de Ph. Julien :
"L'étrange jouissance du prochain. Ethique et psychanalyse"
Voici un livre qui était très prometteur dans la mesure où il se donnait pour objectif de relever les impasses de la pensée philosophique sur la question cruciale de l'éthique. Une première partie en offre d'ailleurs un tableau d'une grand clarté.
Mais dès que l'auteur emprunte la pensée de Lacan, et non plus celle de Freud, ce souci de clarté disparaît dans les arcanes stylistiques du maître que l'auteur s'empresse d'imiter un peu trop servilement.
Il en résulte un livre brillant et stimulant, mais qui ne parvient pas à répondre à la question qu'il pose au début sur la manière de se prémunir contre cette "étrange jouissance du prochain", qui peut se révéler aussi perverse que destructrice.
Destin tragique d'une Bretagne imaginaire :
"Le Cheval couché" de Xavier Grall
Auteur connu pour ses engagements politiques régionalistes, ses chroniques à l'hebdomadaire de "La Vie catholique" et sa passion pour la Bretagne, Xavier Grall fut un poète qui a enchanté mon adolescence. Comme d'autres auteurs bretonnants ou celtisants, ses livres comme sa poésie m'ont souvent touché. Mais son romantisme et son naturalisme, recouverts d'un voile très chrétien, sont aussi les expressions d'une mélancolie et d'une nostalgie nourries de rêves et de fantasmes ambiguës dont il ne fut jamais conscient.
C'est en découvrant une nouvelle édition de ce livre, qu'il m'est venu à l'esprit de discuter cette pensée contre-culturelle et libertaire...
À propos du livre de P. Bayard "Enquête sur Hamlet"
Sur la notion de "paradigme intérieur".
Il n'existe sans doute pas de pièce plus connue et sans doute de plus jouée de par le monde que celle d'Hamlet de Shakespeare.
P. Bayard se propose de nous faire entrer dans les arcanes méconnus de ce chef-d'œuvre qui recèle autant de secrets et de paradoxes que la pièce le suggère.
Ce faisant, il entraîne son lecteur dans une quête complexe à le recherche du texte, ce qui aboutit à une mise en abyme parfois déconcertante.
C'est ce mode de lecture, très post-moderne, que je critique, quoiqu'il en soit par ailleurs de la profondeur de ce livre et de sa conclusion passionnante et à laquelle, personnellement, j'adhère pleinement…
Mélancolie et dépression.
L'exemple de Kierkegaard
C'est l'une des pathologies les plus répandues en Occident depuis le XIXe siècle. Son nom antique provient de la mania grecque, présente dans l'Antiquité, et qui servait à spécifier non seulement un état, mais un caractère : celui du génie, voire du héros, dans toute son hubris.
Pour notre monde contemporain, la mélancolie est devenue synonyme de dépression et d'états dépressifs. C'est à partir d'un auteur chrétien emblématique de cette pathologie, Kierkegaard, que j'analyse celle-ci en la rapportant à la foi chrétienne.
Un article du psychanalyste J.-D. Causse me donne l'occasion d'explorer un pan de la psychè de cet auteur, dont l'existentialisme chrétien a marqué profondément la philosophie.
Cette réflexion vient aussi parachever ce que j'avais initié avec le "Christ grec".
Recension de l'ouvrage de Gérard Mendel :
"La révolte contre le Père".
Ce livre, qui a connu un certain succès lors de sa parution, se veut une introduction à la sociopsychanalyse. Et c'est sous cette étiquette que l'auteur est d'ailleurs aujourd'hui reconnu.
Si l'ouvrage peut paraître quelque suranné, certaines de ses thèses n'en restent pas moins stimulantes. Et c'est sur deux d'entre elles - sa critique de la pensée structuraliste, toute-puissante dans les années 60 et 70, et son interprétation du mythe des origines de l'homme - que je me penche dans cette recension.
Les métamorphoses de Tristan et Yseult.
Réflexions sur le livre de Denis de Rougemont.
L'ouvrage magistral de Denis de Rougemont, écrit au début de la seconde guerre mondiale, fut pour moi une révélation à la fois esthétique, littéraire et spirituelle. L'analyse qu'il entreprend du roman le plus ancien et le plus beau de toute l'histoire de la littérature occidentale, et qui inauguré celle-ci, "Tristan et Yseult", est absolument remarquable et n'a pas pris une ride.
Je livre dans ce court article quelques-unes des réflexions que ces deux ouvrages majeurs m'ont inspirées.
Recension du livre d'A. Lemaire
Jacques Lacan
De par son style et sa forme, la pensée de Lacan invite à une exégèse quasi infinie. Beaucoup s'y sont risqués, avec plus ou moins de bonheur.
L'ouvrage d'A. Lemaire a le mérite de ne pas rebuter le lecteur averti, malgré sa technicité. Mais elle tend par là même à épouser la pensée du maître en ne la remettant pas , selon moi, suffisamment en question.
Je tente dans cet article, dont la première partie est consacrée à la recension de cet ouvrage, de montrer les limites ou quelques faiblesses de ce monument imposant de la psychanalyse contemporaine.
Recension d'ouvrages autour de la notion d'intentionnalité.
Avec le concept d'interdépendance, promis à un grand succès depuis l'introduction du Bouddhisme et des sagesses orientales en Occident, celui d'intentionnalité, qui l'a précédé, montre l'enjeu philosophique auquel la pensée occidentale s'est mesuré depuis plusieurs siècles.
De la pensée scolastique à la phénoménologie et à la psychologie, l'intentionnalité représente un concept-clé qui traverse les frontières classiques de la philosophie et des sciences humaines.
Cet article se propose de faire le point à partir de la recension de trois ouvrages : celui de Pierre Jacob, qui représente une référence, de Valérie Aucouturier, qui explore la notion d'intentionalité, et celui de F. Varela, d'E. Thompson et d'E. Rosch, qui s'appuie sur la notion d'interdépendance et de vacuité, propres à la pensée bouddhique,. Ce dernier représente les pensées nouvelles d'énaction et de co-émergence et se propose de dépasser les limites de la philosophies de la représentation.
A propos du livre de G. Agamben
"Karma. Court traité sur l'action, la faute et le geste"
Au regard de l'utilisation largement répandue de ce terme, il fallait un livre qui en fasse la généalogie et l'archéologie.
Ce projet est réalisé grâce au travail remarquable de G. Agamben. Dans cette réflexion, je reprends l'un de ses principes qu'il développe à la fin de son ouvrage, la politique des "moyens purs" , et je l'analyse en le développant jusqu'à son terme possible.
A propos de l'ouvrage de M. Godelier
"Métamorphoses de la parenté"
Le mythe du meurtre du Père à l'épreuve de l'anthropologie.
Après les ouvrages de C. Lévi-Strauss et de R. Girard, c'est celui de M. Godelier qui a attiré mon attention.
Celui-ci analyse les théories de Lévi-Strauss pour les relativiser au regard des apports de l'anthropologie. Mais c'est essentiellement sa critique des théories freudiennes des origines de l'humanité que je reprends pour les discuter.
A propos du livre de M. Dapsance
"Le Sacré-Cœur et la réinvention du catholicisme"
Cette dévotion chrétienne, qui a pris un grand essor au XVIIe siècle, est représentative de tout un courant de piété qui a servi de rempart spirituel à la Réforme.
M. Dapsance, spécialiste du Bouddhisme contemporain, présente celle-ci sous un visage très apologétique. Elle a rédigé ce livre comme si cette dévotion représentait le cœur ou l'essence de la Révélation chrétienne, tout en étant parfaitement adaptée à notre époque de surcroît.
Je discute cette idée dans cet recension et je propose un certain nombre de points qui me paraissent rédhibitoires quant à ce type de dévotion totalement désuète. et aux aspects ambigus.
A propos du livre de A. Didier-Weill:
"Qu'est-ce que le surmoi?"
S'il est une notion fondamentale dans la psychanalyse, avec l'inconscient et le transfert, c'est le surmoi. Issu de la seconde topique freudienne, il a donné lieu à de nombreuses interprétations, à commencer par Freud lui-même.
A. Didier-Weill, dans ce livre où se conjuguent clinique, théorie et théâtre, en offre une vision influencée par la pensée lacanienne. C'est cette approche à la fois étrangement anti-paulinienne, talmudique et dionysiaque que j'interroge en cette recension.
L'expérience spirituelle comme Absolu.
Sur la phénoménologie de M. Henry.
La pensée de M. Henry est considérée aujourd'hui comme un monument de la phénoménologie. Moi-même, je l'ai longtemps respectée comme telle, tant elle me semblait impressionnante.
Mais mon regard a changé depuis quelques années sur ces "sommets" de la pensée qui ne respectent guère les critères et les exigences de la pensée philosophique. En ayant voulu intégrer les procès de la transcendance dans l'immanence, M. Henry a transformé sa phénoménologie en voie spirituelle. Et celle-ci incite plus son lecteur à se convertir qu'à penser rationnellement.
Recension de l'ouvrage de L. Luciani-Zidane:
"L'Acédie. Le vice de forme du christianisme"
C'est un terme qui n'est employé que dans le champ de la théologie morale, et qui est resté longtemps confiné au monde monastique.
L'Acédie, ce dégoût de l'âme et pour les choses de l'âme ou spirituelles, a été perçue comme l'une des épreuves les plus terribles pour les ermites et les moines.
C'est en analysant celle-ci depuis ses origines grecques jusqu'à ses avatars plus modernes que L. Luciani montre que cette torpeur mentale ne quitte jamais l'amour charitable qui lui a été opposé. L'une ne va jamais sans l'autre. Pire encore, il semblerait qu'il n' y ait pas d'antidote à ce poison spirituel, et que ce dernier puisse même l'emporter dans le combat qui oppose le croyant à ses propres démons intérieurs.
Avec l'acédie, aurait-on enfin trouver le vice de forme de la foi chrétienne? Ce point aveugle qui embarrasserait définitivement cette même foi et contredirait les promesses évangéliques? C'est ce à quoi je tente de m'employer dans cette recension...
L'apport de Didier Treutenaere:
Un travail de compréhension et de diffusion du Bouddhisme theravâda.
Peu d'auteurs, ces dernières décennies, à l'instar de D. Treutenaere, auront consacré autant de temps et d'énergie à la connaissance du Bouddhisme theravada. Et peu auront défendu l'idée d'un bouddhisme authentique pour l'opposer à ses contrefaçons ou à ses productions tardives et controuvées, dont le bouddhisme tibétain représente sans doute le sommet.
Dans mes propres réflexions sur le Bouddhisme en général, j’ai tenu à citer les ouvrages de D. Treutenaere comme des références incontournables. Mais plutôt que de me lancer dans une recension d’un de ses livres, j’ai préféré publier nos échanges de courriers sur les thèmes que j’ai souvent abordés, comme le dharma, le karma ou les renaissances.
On trouvera ici un choix de courriers qui traitent de ces sujets et exposent nos accords et nos désaccords sur ces questions fondamentales.
Le soufisme iranien de Henri Corbin.
Un ésotérisme à l 'œuvre en philosophie.
Retracer l'itinéraire d'H. Corbin est une tâche difficile. Toutefois, entre son engagement dans un Islam chi'ite avec son soufisme mystique, et sa passion pour l'ésotérisme et l'alchimie, mais aussi pour la pensée de Heidegger, dont il fut l'un des traducteurs, on peut déjà entrevoir une certaine logique à l'œuvre dans ce théosophe contemporain.
Cette recension ne fait que survoler quelque problèmes qui me sont apparus à la lecture de cette pensée, notamment dans sa confrontation à la foi chrétienne comme au Mazdéisme dont elle s'inspire.
Tentation de l'idéalisme et Bouddhisme ancien.
A propos du livre de H. Gunaratana :"Méditer au quotidien".
On ne compte plus les livres d'initiation à la méditation qui ont envahi les rayons de librairie.
Celui de H. Gunaratana s'illustre par son honnêteté intellectuelle et sa volonté d'apporter des éléments rationnels dans cette pratique devenue universelle.
Toutefois, à sa lecture, j'ai pu repérer des éléments provenant d'un autre courant du Bouddhisme auquel ce livre ne s'alimente pas et qui incline la pratique vers un idéalisme inexistant en tant que tel dans le Bouddhisme ancien.
Dolorisme mystique et justification du mal.
Sur la pensée de Simone Weil.
Simone Weil est reconnue comme étant l'une des plus grandes philosophes chrétiennes et l'une des plus profondes mystiques du XXe siècle
C'est dans l'un de ses "Cahiers", reconstitués après sa mort, que j'ai trouvé une tentative de justification théologique et spirituelle de la souffrance.
Dans ce bref article, je tente de montrer les limites de cette pensée entachée de dolorisme.
A propos de la pensée de R. Bultmann.
Réflexions sur le livre de J. Florkowski.
Rudolf Bultmann reste l'un des plus importants penseurs chrétiens du XXe siècle.
Son oeuvre marque une rupture avec un passé théologique protestant libéral, au point que l'on peut affirmer que toute la théologie postérieure comme l'exégèse chrétienne, qu'elles soient d'obédience réformée ou catholique, se sont employées d'une manière ou d'une autre à répondre à Bultmann.
C'est la lecture de l'excellent ouvrage de J. Florkowski, qui synthétise la pensée de Butmann, qui m'a donné l'occasion de questionner cette pensée toujours stimulante.